Faut-il prendre des stimulants avant les examens ?

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Publié le 29/05/2017 par TRD_import_MartinRhodes , Mis à jour le 02/10/2023 par TRD_import_MartinRhodes
STRESS. Pour booster mémoire et attention en période de révisions, certains n’hésitent pas à recourir à des produits stimulants. La potion magique existe-t-elle vraiment ? Le point avec Laurent Karila, psychiatre et porte-parole de l'association SOS addictions.

Selon les estimations des addictologues, entre 10 et 20 % des jeunes consommeraient des médicaments afin d’améliorer leurs performances intellectuelles. Mais attention, prévient Laurent Karila, psychiatre et porte-parole de l’association SOS addictions, si les compléments alimentaires peuvent être efficaces lors d’un coup de fatigue, mieux vaut fuir les smart drugs en dehors des traitements contre l’hyperactivité et la narcolepsie. Interview.

De manière générale, qu’est-ce qu’un stimulant ?

LAURENT KARILA : « Un produit licite, parfois détourné de son usage, utilisé pour lutter contre la fatigue, améliorer la mémoire, l’attention, la concentration et la prise de décision. Je distingue les « médicaments gentils » des drogues de la performance scolaire, également appelées ‘smart drugs’. »

Qu’appelez-vous « médicaments gentils » ?

LK : « Les produits délivrés sans ordonnance. Le Guronsan , par exemple, est une pilule antifatigue composée de vitamine C et de caféine. Il améliore le niveau d’éveil et les performances intellectuelles. Memoboost est quant à lui un complément alimentaire à base de ginkgo biloba, de vitamines E et B6. Principalement utilisé pour améliorer la mémoire, il lutte également contre le stress. Une prise ponctuelle de ces deux médicaments ne peut pas faire de mal. Mais une consommation importante et répétée peut entraîner nausées, anxiété, irritabilité, fatigue et troubles de la concentration. En d’autres termes, des effets inverses à ceux escomptés. »

Les stimulants délivrés sur ordonnance sont donc des drogues ?

LK : « Oui, car ils agissent sur le cerveau. Ces stimulants peuvent devenir des produits dopants, au même titre que ceux parfois consommés dans le sport de haut niveau. Le méthylphénidate (notamment commercialisé sous le nom de Ritaline) et le Modafinil réduisent la fatigue et augmentent la vigilance, la mémoire, la concentration et l’attention. Pour la petite histoire, le Modafinil était consommé par les militaires américains au moment des guerres en Irak et en Afghanistan. Il leur permettait de rester éveillés pendant près de trente-cinq heures. C’est dire leur efficacité. »

Pourquoi ces drogues sont-elles licites ?

LK : « Le méthylphénidate traite l’hyperactivité avec déficit de l’attention, le Modafinil la narcolepsie et seuls les spécialistes sont habilités à prescrire ces médicaments puissants. Les lycéens et étudiants qui en font un usage détourné se fournissent très facilement sur Internet, au risque de commander des dérivés génériques dont on ne connaît pas la composition. Certains d’entre eux vont même jusqu’à sniffer ou s’injecter le produit afin d’accélérer les effets. Un véritable comportement addictif. »

Quels peuvent être les effets indésirables des « smart drugs » ?

LK : Troubles de la vision et de la tension artérielle, crises d’angoisse et insomnies pour le Méthylphénidate. Maux de tête, vertiges, graves accidents de la peau, hallucinations et même idées suicidaires pour le Modafinil. Une prise répétée de ces substances peut également entraîner une forte dépendance.