Famille recomposée : comment accepter un nouvel enfant ?

No thumbnail
Publié le 19/01/2017 par TRD_import_ClaireChédeville ,
Parents séparés, famille recomposée… La suite logique, c'est souvent l'arrivée d'un nouvel enfant. Colère, surprise ou bonheur : comment réagissent les aînés de la fratrie devant ce changement irrémédiable ?

« Quand Louise est née, j’ai pris ça comme une énorme gifle », se souvient Léo, 24 ans, étudiant en licence de journalisme à Paris. Après la séparation de ses parents quand il avait 17 ans et le remariage rapide de son père qui a suivi, Léo a vu d’un très mauvais œil l’arrivée de sa petite sœur. Il est entré rapidement en conflit avec son père.

Comme lui, 1 enfant sur 10 vit dans une famille recomposée, c’est-à-dire 1,5 million de jeunes de moins de 18 ans selon une étude de l’INSEE de 2011. « Cette nouvelle vie est difficile pour un adolescent, qui voit souvent l’arrivée d’un nouveau bébé comme un abandon et la confirmation de l’union entre un de ses parents et le nouveau conjoint « , souligne Edwige Antier, pédiatre*. « J’avais 10 ans à l’arrivée de ma petite sœur Camille, je l’ai vraiment très mal pris. Pour moi, c’était comme une trahison envers ma mère », se souvient Emma, 15 ans, élève de troisième à Saint-Prix (Val-d’Oise).

« Emma n’est plus l’unique princesse de son père, elle doit partager. C’est plus simple quand le bébé est de sexe opposé », ajoute Edwige Antier. La relation avec ce nouvel enfant peut se révéler encore plus dure pour les aînés quand l’autre parent, célibataire, n’arrive pas à accepter la nouvelle situation. « Ma mère était très déçue, elle nous répétait que ce n’était que notre demi-sœur et certainement pas notre sœur. Du coup, j’étais souvent triste et en colère. je n’avais pas envie de la connaître », ajoute Emma.

Si Léo (à gauche) a d’abord eu du mal à accepter la naissance de sa petite sœur, Flora (à droite), elle était ravie de ne plus être la petite dernière. // © Photos fournies par les témoins

Une nouvelle fratrie pour le meilleur et pour le pire

Au fur et à mesure, Emma a été assurée de garder une place prépondérante dans la vie de son père. « Maintenant, je me sens très bien chez mon papa et ma belle-mère, je n’ai plus peur d’être abandonnée. Il arrive aussi à ma mère de garder ma petite sœur, je trouve ça bien ! » Selon la pédiatre, l’entente entre l’aîné et le nouvel enfant peut s’améliorer si les adultes apaisent les tensions en partageant des moments ensemble : « Cela paraît héroïque mais les relations sont tellement plus simples après ! »

Avec le temps, les adolescents créent une bulle hors des conflits et développent de forts liens fraternels. « Je considère maintenant Louise comme ma sœur au même niveau que mes (vrais) frères, il n’y a pas de différences. Je me suis vraiment attaché à elle au cours des années », témoigne Léo. « Aujourd’hui, nous nous entendons tous super bien, Camille a 5 ans et me fait trop rire même s’il faut parfois lui faire la morale parce qu’elle a un sacré caractère », confirme Emma.

Quand le bonheur des uns… fait le bonheur des autres

D’autres accueillent l’arrivée d’un nouvel enfant avec joie. « Je rêvais d’avoir une petite sœur, quand mon père m’a annoncé la nouvelle, j’étais tellement heureuse », sourit Flora, 19 ans, étudiante en première année de l’EPSAA (École professionnelle supérieure d’arts graphiques et d’architecture de la ville de Paris). Aujourd’hui, la jeune femme se sent à l’aise et trouve parfaitement sa place dans sa deuxième famille : « J’ai toujours été la dernière de la fratrie, l’arrivée d’Isaure m’a permis de passer le flambeau. »

*Auteure de « L’Enfant de l’autre » , éditions Robert Laffont.