En couple en prépa, bonjour les dégâts ?

No thumbnail
Publié le 03/12/2013 par TRD_import_VirginiePlaut ,
" Prepa maque = prepa ratee !" L'adage court sur les forums des preparationnaires. Et inquiete les amoureux qui, pendant ces deux ans, ne veulent sacrifier ni leurs etudes ni leur vie perso. Temoignages et conseils de profs et d'eleves passes par la, pour que votre histoire d'amour ne nuise pas a votre prepa.

Peur de devoir choisir entre votre couple ou la prépa ? Pas forcément si vous savez à l’avance dans quels chausse-trapes ne pas tomber. // © iStock.

Annabelle est en train de mettre la dernière touche à son plan de table : dans quelques semaines, elle et Alban seront officiellement mariés. Ils sont tombés amoureux il y a quatre ans. Depuis, leur couple a dû traverser une épreuve longue et difficile : les deux années de prépa HEC d’Annabelle, pendant qu’Alban lui avait opté pour la fac de maths, afin de se lancer dans le professorat.

« Franchement, ça a été tellement intense et compliqué qu’ on s’est dit que si notre couple avait tenu le choc, c’est qu’on était vraiment faits pour passer le reste de notre vie ensemble, s’amuse aujourd’hui Alban. Je pense que les deux tiers de ma promotion étaient en couple lors de la rentrée de la première année, estime Annabelle. Mais nous sommes les seuls à avoir résisté. »

N’oubliez pas que la prépa change vraiment le rythme de vie

Il faut dire que ces deux années ont été assez éprouvantes pour ces jeunes amoureux : « C’est comme si nous vivions sur deux planètes différentes, assure la jeune femme. Lui était très cool en fac, avec un emploi du temps assez léger et, pour seules échéances, des partiels tous les six mois. Il ne se rendait pas compte de tout le travail que j’avais à faire. Il aurait voulu que nous nous voyions dès que nous n’avions pas cours, tous les soirs et durant tout le week-end. Mais il ne s’imaginait pas que moi, lorsque je terminais à 18h30, j’avais encore quatre ou cinq heures de travail personnel le soir. « 

“Les premières semaines, je ne comprenais pas du tout ce qui se passait, reconnaît Alban. Elle n’avait jamais le temps de me voir… Je pensais qu’en réalité elle n’en avait pas envie, qu’elle préférait la compagnie de ses nouveaux amis, plus intelligents et plus cultivés. Après, j’ai pris conscience de sa charge de travail, donc ça allait mieux. Mais il n’empêche que pendant deux ans, elle qui est pourtant très douce d’ordinaire a été très difficile à vivre… Tout le temps sur les nerfs !”

Dominique Monchablon (1), psychiatre et chef de service du Relais étudiants lycéens à Paris, confirme le climat très dur auquel sont confrontés les étudiants de prépa :  » On leur demande un hyperinvestissement intellectuel au détriment de tout le reste. Les deux à trois années qu’ils passent dans ces classes de fabrique d’élites sont comme des mises entre parenthèses à un âge fait normalement de curiosités, de loisirs, d’échanges. Il y a une suspension de tout questionnement existentiel et du processus de maturation » Et dans ce contexte d’hyperexigence, une bonne partie de ces anciens premiers de la classe se retrouvent en difficulté, noyés par la quantité de travail. Alors forcément, leur vie amoureuse en pâtit.

Déjà plus simple quand on aime un camarade de prépa…

Elena et Hugo ont eux trouvé une solution : ils se sont rencontrés pendant leur prépa… « Je crois que j’ai commencé à la draguer dès le deuxième jour, se souvient le jeune homme. Et avant même les vacances de la Toussaint nous étions officiellement ensemble. Il faut bien reconnaître que c’est très agréable de retrouver tous les jours en cours celle qui fait battre votre cœur. Ça donne une sacrée motivation !  » Même si là encore, il a fallu trouver quelques ajustements : « Elena voulait tout le temps que nous nous voyions. Parfois même au détriment de notre travail personnel. Moi, j’avais très peur de me sentir dépassé par notre relation et que cela nuise à mon travail. »

… à condition de s’imposer des limites

Sylvie est professeur en prépa HEC en Bourgogne depuis quinze ans. Chaque année, elle assiste à la formation de ces jeunes couples… et voit tout cela d’un très bon œil : « Ces jeunes gens sont brillants, travaillent dur et ont beaucoup de pression. Je trouve ça dommage que pendant deux ans, ils ne puissent pas s’épanouir en dehors de l’établissement. Alors s’ils peuvent trouver un ou une petite amie au sein de leur classe… Ça arrive assez régulièrement et je n’ai jamais connu d’étudiant à qui ça avait porté préjudice. Évidemment, il faut savoir poser des limites, savoir se préserver toujours un temps de travail important. Mais ce sont des jeunes gens très raisonnables, pas le genre à sécher les cours pour aller batifoler dans les jardins publics. Généralement, ils se soutiennent, ils révisent ensemble… ça les stimule. Il faut juste qu’ils arrivent à gérer la mise en concurrence au sein du couple. »

Primordial aussi de ne pas jalouser les résultats de l’autre

« Chez nous, il n’y a jamais eu aucune jalousie l’un envers l’autre, assure Hugo. Elena a toujours été mieux classée que moi, c’était normal, elle était meilleure. Et je ne lui en ai jamais voulu. De son côté, quand je me prenais un bâche, elle avait beaucoup de tact, compatissait beaucoup même si elle avait très bien réussi. Et puis elle prenait du temps pour me réexpliquer les points qui me paraissaient difficiles. »

L’adage « prépa maqué = prépa ratée ! » serait-il mensonger ? Déjà, on omet souvent la chute (« sauf avec un carré ! »), un peu plus optimiste. En outre, certifie Sylvie,  » je n’ai aucun exemple d’étudiant qu’une histoire d’amour aurait empêché de réussir sa prépa. Au contraire. Je crois que la quasi-totalité des étudiants que j’ai vus intégrer les grandes écoles de commerce parisiennes étaient en couple. » Et si, malheureusement, le couple se sépare ? « Je n’ai jamais connu de drame, assure l’enseignante. Bien sûr, il y a de la tristesse mais j’imagine qu’avec le travail qu’ils ont et les concours en perspective, ils arrivent à relativiser. »

Le danger, encore plus fort après ?

Et si finalement, le danger pour ces couples de prépa était ailleurs… en école par exemple ? Irène a elle aussi vécu une grande histoire d’amour pendant sa prépa. « Avec Pierre-Olivier, nous étions vraiment très amoureux, nous envisagions le mariage et les enfants. » Mais lorsqu’une fois la prépa terminée, chacun a obtenu l’école d’ingénieurs qu’il souhaitait, à 400 kilomètres l’une de l’autre, les deux jeunes gens n’ont pas réussi à sauver leur couple.  » C’est comme si Pierre-Olivier avait décidé de profiter enfin de la vie. Il sortait beaucoup, n’avait plus le temps de m’appeler ou de venir me voir… je crois qu’il n’a pas voulu se gâcher ses trois ans d’école en vivant une histoire d’amour à distance. Et au bout de sept mois chaotiques, nous avons fini par nous séparer. » Alors prépa maqué ? À vous de gérer !

5 conseils pour que votre couple survive à la prépa

1. Comprendre le rythme de travail de l’autre. C’est particulièrement difficile quand le couple est en décalage : pendant que l’un est en prépa, l’autre est encore au lycée, à l’université ou bien déjà dans la vie active. Même si vous n’avez pas ou peu de travail personnel à faire à la maison, il faut vous mettre dans la tête que pendant deux ans, votre chéri (e) va crouler sous les devoirs. Et il va falloir respecter cela.

2. Savoir doser. C’est elle, c’est lui, vous en êtes sûr de sûr. C’est la première fois que vous êtes aussi amoureux. Certes. Ce n’est pas une raison pour vous laisser emporter par votre romance et en négliger vos études. Vous finiriez par le regretter. Sachez vous réserver du temps pour roucouler mais aussi du temps pour travailler. Si vraiment c’est le (la) bon (ne), vous vous rattraperez après la prépa !

3. Accepter les moments de grande pression. Votre moitié habituellement si douce et tendre se transforme régulièrement en vraie furie à l’approche d’un devoir sur table. Même si cela n’a rien d’agréable, il va vous falloir prendre votre mal en patience… Les étudiants de prépa sont soumis à une énorme pression tout au long des deux (voire trois) années. Serrez les dents, en école, ce sera plus cool !

4. Soutenir le(la) travailleur(euse) acharné(e). Même si, franchement, la prépa de votre cher(ère) et tendre commence à vous courir sur le haricot, essayez de prendre sur vous. Au contraire, soutenez le(la), apportez-lui des petites friandises pour ses révisions ou des petits cadeaux pour le(la) féliciter d’une bonne note. Il(elle) vous en sera forcément reconnaissant(e).

5. Préparer la phase “postprépa”. La prépa est terminée ? Ne soufflez pas trop vite. Il va vous falloir maintenant affronter la vie en école, la décompression, les soirées à gogo… et peut être l’éloignement. Restez vigilant !