Des chieuses, les féministes ? 3 bios en BD pour vous ôter cette idée

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Publié le 27/11/2013 par TRD_import_LilyJoseph ,
Vos livres d 'histoire disent d'elles qu'elles ont fait avancer la cause des femmes. Mais savez-vous en quoi et pourquoi ? Reponses dans nos BD chroniquees de la semaine, qui retracent les vies d'Olympe de Gouge et autres Benoite Groult. Trois illustrations qu'on ne nait pas feministe mais qu'on le devient…

« Ainsi soit Benoite Groult », de Catel

« Ainsi soit Benoite Groult », de Catel (Grasset).

« C’est étrange de se voir dessinée… Ma famille… Mes amours… C’est ton interprétation. Tout est juste et pourtant différent de ce que j’ai vécu. Mais c’est bien mon histoire ! » Ainsi Benoite Groult commente-t-elle sa « bio-graphique » à celle qui en est l’auteure : Catel. À l’origine : deux pages de reportage réalisées pour « Libération » ; de trop courtes pages qui se sont – bien heureusement – mues en un roman graphique passionnant.

« Quelle drôle d’idée », voilà pourtant comment Benoite Groult a accueilli le projet de Catel de faire d’elle sa « prochaine héroïne de BD » ; média que la nonagénaire qualifie par ailleurs de « sous-culture qui ne saurait en rien remplacer la lecture ». Et pourtant, Benoite Groult s’est prêtée au jeu. Enfance, amours, combats… « Ainsi soit Benoite Groult » retrace la – riche – vie de cette femme dont on peine à croire, à la voir se raconter sous le crayon de Catel, qu’elle a plus de 90 ans. « Chacun et chacune a droit au destin dont il se sent porteur et pas uniquement à celui dont son sexe le crédite ou lui impose. »

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À travers la vie de Benoite Groult, c’est un récit du combat des femmes qui est ici proposé. Et plus largement encore, une réflexion sur la société ; on y retrouve la notion de transmission, la question de la représentation des femmes en politique, la lutte pour l’élimination du sexisme dans le langage, mais également des échanges autour de l’acte d’écrire, de la vieillesse… « Les Françaises veulent tellement plaire aux hommes… On est passé de la ‘femme libérée’ de la fin du XXe siècle, à la ‘femme reféminisée’ du XXIe siècle », analyse, au détour d’une conversation, Benoite, observant avec un certain regret que « le féminisme est devenu ringard. On est revenu au culte de la beauté… et de la superficialité ». L’auteur d' »Ainsi soit la femme » reconnaît tout de même trouver les femmes d’aujourd’hui « courageuses » : « Elles arrivent souvent à tout conjuguer. C’est dur ! »

Les souvenirs de Benoite animent cet album, lui donnent son ton ; mais sa richesse est également à chercher du côté des échanges complices entre les deux femmes, puisque Catel s’y met en scène. « Ainsi soit Benoite Groult », c’est aussi l’histoire d’une amitié qui se noue ; un récit très vivant – au trait simple, doux et dynamique – et enrichissant. « C’est toujours dans le domaine du prestige que ça coince pour les femmes parce que dans le domaine de l’injure, on n’a jamais eu de mal à les qualifier d’emmerdeuses », affirme Benoite Groult sur le ton de la – fausse – plaisanterie. Il y a encore beaucoup à faire : « Ainsi soit Benoite Groult » le rappelle, avec à la fois force et délicatesse.

« Olympe de Gouges », de Catel et Bocquet

« Olympe de Gouges », de Catel et Bocquet (Casterman).

« Elle est belle, ton Olympe ! » Voici les mots de Benoite Groult découvrant la BD que Catel et son compagnon, José-Louis Boquet, ont consacrée à l’une des premières figures du féminisme . « 400 pages !… Un vrai pavé de révolution. » Une biographie très documentée, dense et riche, jamais rébarbative ou trop didactique – qui éclaire sur le parcours de Marie Gouze (1748 – 1793). Celle que l’histoire a retenue sous le nom d’Olympe de Gouges et à qui l’on doit, notamment, « la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne ».

« Eve sur la balançoire », de Nathalie Ferlut

Direction les États-Unis, début du XXe siècle. Idolâtrée, puis oubliée, voici Eve Nesbit : « J’étais l’image de l’envie et de la perfection, j’étais une icône de publicité (…) j’étais partout ! » « Eve sur la balançoire » retrace la courte carrière de cette égérie du début du siècle ; une carrière faite de gloire, d’insouciance, mais aussi, finalement, de souffrances. Beau portrait, distancié.

« Eve sur la balançoire », de Nathalie Ferlut (Casterman).