Dans le portefeuille de Guillaume, en DUT à Lyon

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Publié le 03/12/2014 par TRD_import_SoniaDéchamps ,
À 20 ans, Guillaume, qui prepare un DUT GLT (gestion logistique et transport) en alternance, partage sa vie entre Lyon, ou il etudie, et la region grenobloise, ou il travaille. Pas de bourse, pas de petit boulot en parallele : comment s'en sort-il avec sa paie d'apprenti ? Il a fait ses comptes pour l'Etudiant Trendy.

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« Je suis tous les mois ‘juste-juste’, entre les courses, les transports, les factures… Ça descend assez vite », observe Guillaume. // © GR_

Guillaume a 20 ans et suit actuellement un DUT (diplôme universitaire de technologie) gestion logistique et transport. Cette année, il expérimente l’alternance. « J’ai un peu une double vie, confie-t-il, d’autant plus que si certains de mes camarades ont fait le choix de travailler à Lyon [69], là où on a cours, moi j’ai décidé de partir. » L’étudiant passe ainsi deux semaines par mois en cours à Lyon et deux semaines en entreprise, à Grenoble (38). « C’est une entreprise d’autocars qui officie en Isère, explique Guillaume. Ça me plaît beaucoup, je suis dans le service exploitation : je dois gérer les bus en panne, un chauffeur absent à la dernière minute, etc. » Cette entreprise le paie « environ 550 € par mois net, avec la mutuelle et les titres restaurant ».

Son 18 m2 à Lyon pris en charge par son père **

Autre entrée d’argent : les APL (aides personnalisée au logement), environ 120 €. Quand il est en région grenobloise, Guillaume dort à 45 km de la capitale iséroise, chez sa mère, à Chambéry (73). « Ça me fait voir de la région ! » s’en amuse-t-il. S’il peut ainsi, deux semaines par mois, profiter, le soir, de repas concoctés par les bons soins de sa mère, ce n’est pas sans contrepartie : « Je lui donne une cinquantaine d’euros par mois, ce qui n’est pas grand-chose par rapport à ce que cela coûte ! »

Un petit boulot en parallèle ? « Honnêtement, ça ne m’a pas traversé l’esprit », répond spontanément Guillaume. Et on peut le comprendre : quand il est en entreprise, le jeune homme se lève à 4h30. « C’est presque du repos quand je suis en cours. » Pas d’autres entrées d’argent donc pour l’étudiant. « Je n’ai jamais été boursier parce que mon père est médecin. Pourtant, ça m’aurait parfois bien aidé, il n’a pas toujours été derrière moi. » Aujourd’hui, le père de Guillaume lui paie son loyer lyonnais, 420 € pour « un petit 18 m2 », plus les charges ; « je me débrouille avec le reste. »

« Juste-juste » tous les mois

Et « le reste » n’est pas négligeable. « Je suis tous les mois ‘juste-juste’, entre les courses, les transports, les factures… Ça descend assez vite », observe Guillaume. Faisons les comptes. Téléphone : 47 €. Transports : 28 € d’abonnement mensuel pour Lyon, plus une vingtaine d’euros de train pour les deux semaines passées par mois en région grenobloise. Internet : 29 €. Abonnement Canal+ (« une offre spéciale ») : 12 €. « Je fais aussi des dons à la Croix-Rouge et à Aides », indique Guillaume ; respectivement 7 et 13 € par mois. Et il y a le crédit à rembourser : 39 € par mois. « Déjà à mon âge, j’ai commencé les emprunts, se désole Guillaume. Mon ordinateur est tombé en panne juste avant que je reprenne les cours. Je suis allé chez Darty, puisqu’ils affichaient partout en gros qu’ils prêtaient aux étudiants. Mais dans les faits, il faut les parents derrière, ou un CDI [contrat à durée indéterminée, NDLR] depuis six mois. Je suis donc allé voir chez Boulanger. Là-bas, ils ont accepté que je paie ce qui est donc mon nouvel ordinateur en dix mois sans frais. »

Son nouveau téléphone, l’étudiant a en revanche été contraint de le payer en une seule fois : « Je suis allé chez SFR début novembre pour acheter un nouveau téléphone car j’avais un vieux machin avec lequel je ne pouvais qu’envoyer des SMS, et encore ! Au départ, je voulais un i-Phone, mais même avec un forfait, j’en aurais eu pour 350 €. J’ai finalement acheté un Samsung Galaxy S5. Ça m’a couté 119 €. C’est un luxe, un réel investissement. Forcément, cela implique des sacrifices. » Guillaume va sans doute manger beaucoup de pâtes ce mois-ci. Car quand il s’agit de serrer la ceinture, « ce sont les courses qui trinquent en premier. »

Des économies par-ci par-là

Environ 150 € par mois, c’est ce que dépense généralement Guillaume pour ses courses. « Quand je suis en cours à Lyon, le midi, je mange chez un pote. J’achète un plat Picard. Ce n’est pas très cher et plutôt bon. Quand je suis au travail, c’est un sandwich et une bouteille d’eau achetés au Casino. » De manière générale, au supermarché, Guillaume est plutôt vigilant : « Autant que possible, j’essaie d’acheter des produits premiers prix, quand la qualité le permet. Les pâtes, quand tu es étudiant, que ce soient des Carrefour ou des Buitoni, tu mets un peu de sel et de la sauce, et ça passe tout seul. »

En revanche, pour certains produits, Guillaume se fait plus regardant : « le dentifrice ou le savon par exemple ». Ou encore le shampoing : « Au début, je prenais un ‘premier prix’, mais ça m’a cramé la tête. La purée, je ne peux acheter que de la marque. Déjà que la purée en poudre, ce n’est pas très bon… Mais il y a un juste milieu entre le premier prix et la marque, c’est la marque distributeur. Ce n’est ni trop cher, ni trop mauvais. J’achète souvent du Carrefour. »

Les titres restaurant ? « Je les utilise plus pour les loisirs que pour faire les courses. Comme ça, quand je vais au McDo par exemple, cela ne me coûte rien. Enfin, sur le moment, puisque je paie tout de même une partie de ces tickets. » De manière générale, Guillaume dépense peu en sorties : « Je ne suis pas un gros fêtard. Il m’arrive d’aller boire un verre de temps en temps, ou d’aller au McDo , mais les tickets-restau’ prennent en charge une bonne partie de mes sorties. J’ai dix tickets par mois, ce qui m’en fait deux ou trois par semaine. Disons que je mets en plus une cinquantaine d’euros par mois dans les sorties. » Et parmi celles-ci, pas ou peu de cinéma. « Ce n’est pas par manque de moyens, mais je n’en ai pas envie. Je n’y pense pas en fait. » Guillaume dépense plus volontiers son argent – environ 20 € par mois – dans la presse écrite. « ’20 minutes’, c’est bien, mais cela reste de la presse gratuite. C’est bien de varier. »

Renouvellement de vêtements : « il arrive un moment où tu n’as plus le choix »

Et puis, il y a les fringues, « surtout avec l’hiver qui arrive ». Ce mois-ci, Guillaume a dépensé une cinquantaine d’euros en habits, mais la note risque d’être plus salée le mois prochain : « Je suis bon pour m’acheter des pulls. Jusque-là, j’avais réussi à éviter, mais quand tu n’as que des manches courtes, il arrive un moment où tu n’as plus le choix. » Et c’est sans doute chez H &M que l’étudiant renouvellera sa garde-robe, non sans un certain regret : « Niveau qualité, on sait que c’est fabriqué un peu à la chaîne, dans des pays sous-industrialisés. Avant, j’étais plutôt client de magasins comme Jules, quand mes parents me payaient mes habits. Là, je ne peux pas trop me le permettre. »

Si Guillaume garde toujours un œil sur son compte en banque, il le concède, depuis qu’il travaille, « c’est une autre vie ». Sans paie l’année dernière, « c’était vraiment difficile ». Ses études ont d’ailleurs failli pâtir du manque d’argent : « J’ai parfois eu envie de tout plaquer. Je payais juste le nécessaire, et encore ! » Prochaine étape : la vie – pleinement – « active ». Avec un chat ! « Cela représente de l’investissement en argent et en temps. Mais quand je serai posé et que j’aurai une maison… Mine de rien, c’est vite arrivé. »