Dans la même classe et fâché(e)s : comment gérer un chagrin d’amitié

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Publié le 13/11/2013 par TRD_import_VirginiePlaut ,
Depuis des ann ees, vous le (la) consideriez comme votre double, votre frere (soeur)... vous partagiez vos secrets, vos vacances, et votre classe. Et tout a coup, plus rien ! Trahison, malentendu ou envie de changer d'air, votre meilleur(e) ami(e) ne vous adresse plus la parole. Nos conseils pour surmonter cette epreuve.

On parle souvent des chagrins d’amour, et pourtant les chagrins d’amitié peuvent être tout aussi douloureux. Agathe en sait quelque chose… Pendant près de quinze ans, elle et son amie Djamila ont été inséparables : « On habitait la même rue, nos mères étaient amies avant notre naissance, on allait à l’école puis au collège ensemble, on faisait de la danse ensemble, et le week-end, on allait dormir l’une chez l’autre, se souvient-elle. Je suis fille unique, et pour moi, c’était comme ma sœur. »

Couper totalement les ponts

Mais depuis un peu plus de huit mois, elles ont à peine échangé quelques mots en cours. Et des mots durs. « Djamila a déménagé. Dans son nouveau quartier, elle s’est rapprochée d’autres filles du collège, qui faisaient un peu la loi, parlaient fort, en faisaient voir de toutes les couleurs aux professeurs. Nous, on était des élèves studieuses. Et d’un coup, Djamila s’est mise à sécher les cours, à ne pas faire son travail, à répondre aux profs… et à se moquer de moi, de mes bonnes notes, à raconter les secrets que je lui avais confiés. Ça été l’enfer. »

Très affectée par la situation, Agathe a choisi de couper complètement les ponts : elle a fait en sorte, en choisissant une option rare, de s’inscrire dans un autre lycée que son ancienne amie. « C’était trop douloureux de la voir tous les jours sans retrouver notre complicité, se souvient-elle. Aujourd’hui, dans mon lycée, je repars à zéro, je n’ai plus de souvenirs communs avec elle. Je me suis refait de nouvelles copines. Mais presqu’un an après, il m’arrive encore par réflexe de vouloir prendre le téléphone pour lui raconter une anecdote. Je n’arrive pas vraiment à tourner la page. »

Un médiateur pour dédramatiser

Conseillère principale d’éducation dans l’Yonne, Rachel assiste, chaque année ou presque, à des ruptures amicales particulièrement douloureuses.  » L’adolescence est un moment de la vie où les amitiés ont une importance primordiale, précise-t-elle. C’est à ce moment que les jeunes prennent leurs distances avec leur famille. Les amis représentent alors leurs véritables points de repère, leurs confidents. Et comme, en plus, c’est un stade de l’existence où les sentiments et la sensibilité sont exacerbés, les amitiés sont d’autant plus fortes. Et leurs fins d’autant plus pénibles. »

Certains élèves sont tellement affectés qu’ils plongent dans une profonde détresse. « Il arrive que certains professeurs m’alertent de la fin brutale d’une forte amitié et du malaise d’un des élèves concernés, souligne la CPE. Si j’estime que cela est nécessaire, je rencontre le jeune en question, je discute avec lui. Si je le sens en danger, il m’arrive de convoquer ses parents pour évoquer la situation et, éventuellement, leur conseiller d’orienter leur enfant vers un soutien psychologique. »

Il lui est même arrivé de jouer le rôle de médiatrice : « Une fois, une jeune fille était particulièrement mal – elle ne dormait plus, ne mangeait plus depuis des semaines – parce que du jour au lendemain, sa meilleure amie ne lui avait plus adressé la parole, sans justification. Je les ai forcées à avoir une explication. Finalement, ce n’était qu’un malentendu. Elles sont redevenues liées comme les doigts de la main. Parfois, les adolescents ont besoin d’un adulte pour dédramatiser la situation qui les a amenés à se disputer. »

Rétablir la confiance

Justine, 17 ans, a elle aussi connu la douleur de perdre son amie.  » Pour une histoire stupide de garçon, regrette-t-elle. Lorsque Grégoire est arrivé dans notre classe en cours d’année, toutes les filles ont craqué pour lui. Elsa et moi comprises. Quand il a voulu sortir avec moi, j’ai été flattée, j’ai dit oui. Elisa l’a très mal pris, elle m’a incendiée, puis ignorée. J’en étais malade. Même pour un garçon, je n’avais jamais été aussi malheureuse, elle me manquait, c’était physique. Et c’était l’enfer de la voir tous les jours… Je n’arrivais plus à me concentrer, mes notes ont chuté. »

Elle a décidé de se battre pour la reconquérir : « J’ai tout arrêté avec Grégoire, j’ai écrit une longue lettre à mon amie pour m’excuser et lui dire à quel point elle me manquait. Depuis, on essaie de recoller les morceaux. Je sens qu’elle ne me fait pas encore totalement confiance, mais c’est tellement bon de la retrouver. Je vais lui prouver que ça n’a été qu’une stupide erreur qui ne se reproduira plus. »

Pour retrouver de la sérénité

• Avoir une explication. Souvent, le plus douloureux, c’est l’incompréhension et le sentiment d’impuissance. Osez affronter votre ex-ami pour savoir ce qu’il vous reproche. Il s’agit peut-être d’un malentendu. Dans le cas contraire, vous pourrez au moins plaider votre cause.

• Savoir laisser tomber. Vous avez eu votre explication, vous avez tenté de raisonner votre ancien double mais rien n’y fait ? Il faut vous rendre à l’évidence, votre amitié est finie. Mais rassurez-vous plein d’autres vous attendent !

• Changez-vous les idées. Vous adoriez aller ensemble à la piscine ? Alors mettez-vous à la course à pied ! Ou bien inscrivez-vous dans un club de sport collectif ou investissez-vous dans une association, vous ferez de nouvelles rencontres.

• Confiez-vous. Si la souffrance est trop forte, ne vous renfermez pas sur vous-même. Trouvez des confidents : vos parents, vos frères et sœurs, une surveillante, l’infirmière du lycée ou bien un psychologue.