Comprendre pourquoi vous faites gaffe sur gaffe

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Publié le 25/01/2013 par TRD_import_MariaPoblete ,

« Plus je me sens mal dans un groupe, ou lors d’une situation délicate que je ne gère pas, plus je raconte n’importe quoi et plus je m’enfonce, comme si je ne contrôlais pas les mots », analyse Émile, 16 ans, qui ajoute, dans un soupir : « Je sens que c’est existentiel chez moi, mes problèmes viennent de loin, je me pose trop de questions, je cogite sans arrêt ! »

N’oubliez pas : ado, vous vivez de gros changements

« La tempête peut être plus ou moins forte selon la personne, son vécu, son enfance, sa relation avec ses parents, précise Catherine Aimelet-Périssol, psychologue, auteur de ‘Quand les crocodiles s’emmêlent’ (Robert Laffont, 2005). Un début de solution est possible : c’est en admettant qu’il est en pleine évolution, qu’il est dans un corps trop grand pour lui, en décalage, en recherche et en difficulté, qu’un adolescent s’acceptera davantage.  » En résumé, moins on est tendu à cause de la tension… moins on se précipite et moins on fait de gaffes !

La maladresse d’Élodie liée à un prof qui la stresse

Mais si certaines personnes vous agacent, vous intimident… c’est aussi souvent parce qu’elles vous renvoient à d’autres. « Je suis mal en cours de physique malgré l’intérêt que je porte à la matière, explique Élodie, en première S. J’ai des propos maladroits, je commente tout, sans m’en rendre compte, je parle fort du prof. Au bout de trois mois, j’ai réalisé qu’il ressemblait à mon grand-père, hyperérudit et… agaçant.  » Peu à peu, Élodie a pris conscience de ce stress. Maintenant, il lui faut faire la part des choses entre ce grand-père gênant et la réalité de l’enseignant. Et avoir cela bien en tête au moment d’entrer dans la classe.

Pour Lou, c’est parce qu’elle oublie tout

Pour Lou, 16 ans, en première ES, c’est avant tout sa mémoire défaillante qu’elle rend responsable de ses gaffes monumentales. « Je suis un vrai poisson rouge, dit-elle. J’oublie les cadeaux qu’on me fait, je ne retiens pas les dates d’anniversaire, ni où en sont les uns et les autres dans leur vie amoureuse parfois compliquée. Cela peut être gênant, parce que les gens ont l’impression que je me moque d’eux, or ce n’est pas ça du tout ! Je suis juste tête en l’air ! Alors, pour compenser, je note TOUT ce qui est important dans mon agenda qui ne me quitte pas. C’est comme si je prenais des notes… » Lou rédige de courts résumés, griffonne des tableaux et élabore des listes d’événements à ne pas oublier.

L’avis du psy : Olivier Spinnler, psychologue et auteur de « Vivre heureux avec les autres » (éditions Odile Jacob) :

« Devenir adulte, c’est faire la différence entre ce qui doit être discret et secret »

« La question des secrets est délicate à cet âge. Les adolescents peuvent décréter que telle chose doit être secrète, et que la révéler serait faire une énorme gaffe. On voit souvent, par exemple, des fêtes organisées pour lesquelles on écarte certaines personnes, afin de mieux resserrer un clan, une bande. Or, la liste des invités ne peut pas être secrète à l’infini ! Certains jeunes sont plus matures que d’autres. Ils peuvent alors dire ce qui se trame. Pour moi, ils ne sont pas d’énormes gaffeurs : ils sont juste logiques et ne souhaitent pas cautionner des secrets qui leur semblent puérils. Devenir adulte, c’est faire la différence entre ce qui doit être discret et secret, établir une hiérarchie entre les événements et leurs conséquences et bien réfléchir aux enjeux. Et puis, parfois, même après une bourde, on peut s’expliquer ! »

À lire aussi sur ce sujet : “Mon copain m’a confié un secret” sur le blog du proviseur de “Ma vie de lycéen”.