Comment surmonter le décès d’un parent pendant ses études

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Publié le 27/01/2017 par TRD_import_ClaireChédeville ,
La mort d’un parent brise les repères et entrave le développement du jeune adulte. Quand on est encore scolarisé, comment ne pas décrocher ? Témoignages.

« Dès le lendemain de la mort de mon père, je suis retournée au lycée pour aller à l’Opéra avec ma classe. J’avais la sensation de m’effondrer mais c’était une manière de lui rendre hommage , car nous avions parlé de cette sortie ensemble », se souvient Zaïna, aujourd’hui âgée de 25 ans. Elle avait 17 ans à l’époque : « Il est tombé malade et, en l’espace de trois mois, je l’ai perdu. »

Sa disparition plonge la jeune femme dans une immense torpeur et un profond désespoir. « J’ai arrêté de venir en cours pendant quelque temps, je ne voulais plus voir personne. Mais c’était l’année du bac, alors j’ai décidé de me plonger dans le travail pour oublier ma peine et j’ai décroché mon diplôme « , se souvient-elle. Un enfant par classe est orphelin en France, d’après une étude de l’Ined (Institut national d’études démographiques). Alors, comment se relever après un tel drame ?

La difficulté de faire le deuil

Selon Nathalie Pernet, psychologue clinicienne et spécialiste du deuil chez l’adolescent, perdre un parent au moment de l’adolescence, c’est perdre le porteur de ses idéaux : « Il est d’autant plus difficile de faire son deuil pour un adolescent qui entre dans la vie d’adulte. Il subit deux traumatismes qui peuvent l’enfermer dans le silence. »

Zaïna, elle, s’est murée dans le déni : « Le corps de mon père a été renvoyé au Maroc. Nous ne pouvions pas financer le voyage, je n’ai donc pas assisté à ses funérailles. C’était dur à supporter. » Selon la psychologue, l’absence de rituel aux obsèques rend plus difficile l’acceptation de la mort du parent. Dire au revoir, c’est ce qui a permis à Émile, âgé de 25 ans à la mort de son père, de faire son deuil : »Ma mère avait organisé une réception la veille de la crémation pour que nous puissions lui faire nos adieux, un moment essentiel. »

Retrouver des centres d’intérêt

« Le foot m’a vraiment aidé à ne pas m’effondrer, raconte Émile. C’était ce qui me rapprochait le plus de mon père. Je suis allé jouer avec des copains le lendemain de sa mort, ça m’a fait du bien. » Le jeune homme trouve également une motivation dans ses études. Étudiant, il a souhaité réussir le concours de professeur d’EPS, là où son père avait échoué : Cela m’a motivé pendant mes études, parce que je lui avais promis de décrocher ce diplôme, et je l’ai eu ! Je ne pouvais pas abandonner. »

Dans ce moment traumatique, le jeune adulte a besoin de repenser sa relation.  » Il faut qu’il puisse trouver du soutien autour de lui pour en parler et se créer une bulle pour se ressourcer », explique Nathalie Pernet. Zaïna, elle, n’a pas eu cette possibilité : « Mes proches ne me soutenaient pas, chacun vivait sa peine de son côté, et c’est toujours le cas aujourd’hui. Nous n’en parlons jamais, car c’est trop dur.  »

Émile, quant à lui, a décidé de se souvenir de son père tous les jours. « Je m’imagine quelle serait sa réaction à une blague ou ce qu’il dirait à tel ou tel moment, je ne veux me souvenir que du positif. » Selon la psychologue,  » parler, c’est ce qui permet d’avancer petit à petit.  »

Si vous êtes touchés par un décès et que vous avez besoin d’aide, voici les organismes que vous pouvez contacter :

La Maison des Ados

Association Empreintes

Association Elisabeth Kübler-Ross

Association Pierre Clément