C’est fini avec mon ami(e), j’suis au bout de ma vie

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Publié le 30/03/2017 par TRD_import_MargauxLidon ,
On parle souvent des ruptures amoureuses, mais les chagrins d’amitiés entraînent eux aussi larmes, tristesse et remise en question. Mais pourquoi ça fait si mal ? Et comment s’en sortir ?

« J’avais besoin de mon amie et quand elle m’a lâchée, j’ai cru que je n’allais pas m’en remettre », raconte Lisa, en licence de lettres. La rupture amicale peut s’avérer aussi traumatisante qu’un chagrin d’amour. « Elle est violente chez les jeunes adultes, car ils sont en période de construction identitaire et d’idéalisation. L’amitié est un socle solide pour se construire » , explique Myriam Cassen, psychologue clinicienne responsable de l’Institut Michel Montaigne.

Entre déceptions et désillusions

La blessure fait d’autant plus mal quand on considère l’ami(e) comme un frère ou une sœur.  » La rupture se fait autour de la désillusion , précise Myriam Cassen – également spécialiste du traitement du trauma – c’est une blessure qui touche l’estime qu’on a de soi-même. » Rien de plus blessant que d’être trahi(e) par celui ou celle en qui on avait le plus confiance. « Celle que je considérais comme ma meilleure amie sortait avec un de mes amis proches, se souvient Yasmine, 23 ans, étudiante. Elle avait des soucis d’argent, alors parfois, je l’aidais. Le jour où mon ami l’a quitté, elle n’a plus répondu à mes messages ni à mes appels. Et comme elle a trouvé un travail au même moment, elle n’avait même plus besoin de mon aide financière. »

Dans ces moments, on ressent de la peine et beaucoup de déception, car l’autre ne répond plus à nos attentes. « On est si proche de nos amis, que lorsqu’ils font quelque chose qui ne nous correspond pas, on se sent trahi et déçu« , analyse Myriam Cassen. Parfois, il est préférable de stopper la relation, plutôt que de s’enfermer dans un mal-être. « J’ai décidé de couper les ponts parce que, même après avoir pris le temps de discuter de tout ce qui n’allait plus dans notre relation, rien n’a changé. Ce qui m’a poussée à dire stop, c’est la série de déceptions qui a provoqué un réel mal-être », se souvient Mathilde, en première année de PACES.

L’amitié ne doit pas être une souffrance quotidienne. « Elle doit vous faire avancer et grandir, les amitiés en montagnes russes ne sont pas saines : il faut avancer ensemble, main dans la main, créer une solidarité mutuelle et avoir une entente réciproque », précise Myriam Cassen. Bien évidemment, tout n’est pas beau et rose chaque jour, et si des disputes arrivent, il faut d’abord essayer de trouver un terrain d’entente.

Faire le deuil du passé pour mieux rebondir

Même si ça fait mal sur le coup, il est pourtant nécessaire *parfois de passer par cette souffrance pour aller mieux après*. « Il m’arrive d’être nostalgique de tous les bons moments partagés avec mon amie, mais je suis vraiment soulagée de ne plus avoir à me justifier auprès d’elle. J’ai longtemps cru à des changements, mais là, c’est fini », explique Mathilde. Le degré de souffrance s’établit en fonction de sa propre histoire, mais aussi des événements communs que les personnes ont vécus.

Pour Leslie, 25 ans, ce fut très dur : « Je me sentais stupide, trahie, j’en ai pleuré pendant des heures, des nuits. J’étais en colère, je me remettais constamment en question, car je cherchais ce que j’avais mal fait. J’étais triste, blessée et perdue parce que je n’avais plus personne. Aujourd’hui, je sais que ce n’est pas seulement de ma faute. En plus, j’ai une nouvelle meilleure amie, en or : jamais une dispute, jamais un reproche, seulement une amitié sincère ». *

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Couper les ponts est difficile, mais seul le temps et de nouvelles relations peuvent guérir et panser les blessures de la rupture amicale : c’est ce qu’on appelle la résilience. « Dans ces cas-là, la priorité est de prendre soin de soi avant toute chose« , insiste Myriam Cassen. Et ça, Yasmine l’a bien saisi : « J’ai compris qu’on est bien plus heureux quand on ne court pas après les gens ». Pour passer cette épreuve difficile, armez-vous de courage, toute peine s’estompe avec le temps. Et l’adage est célèbre, et ô combien prouvé « Un ami de perdu, 10 de retrouvés » !