Avoir des TOC en étant étudiant : je gère comment ?

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Publié le 08/07/2015 par TRD_import_OlivierVanCaemerbeke ,
Les troubles obsessionnels compulsifs, ou TOC, sont des pensees ou des images envahissantes qui surgissent a repetition et sont plus fortes que la volonte de ceux qui les subissent. Pour s'en debarrasser, ces derniers vont accomplir des actions particulieres : verifications, rangements maniaques, repetitions mentales de certains mots… Encore plus dur a gerer quand on est etudiant.

Ces compulsions diverses sont exécutées pour réduire l’anxiété. Mais ces « rituels » sont épuisants, chronophages et n’apportent qu’un soulagement relatif et temporaire. Plus de 2% des Français seraient concernés par des TOC et, parmi eux, des lycéens et des étudiants pour qui apprendre est un défi quotidien.

« Avec mon besoin de tout vérifier, on me prend pour une maniaque »

Corinne a 18 ans. Originaire d’Argentan (61), elle prépare son bac littéraire et se destine à devenir professeure de français. Depuis ses 10 ans, elle souffre de TOC de vérifications et a des pensées qui reviennent systématiquement à certains moments de la journée, toujours dans le même ordre et en même nombre. « Le matin, par exemple, je ‘dois’ penser à un poster accroché dans ma chambre, ou encore poser mes chaussons à la place précise où ma mère met les siens, près du canapé, etc. »

À l’école, ses TOC se manifestent moins. « Mais en philo notamment, le professeur ne marque presque rien au tableau, du coup je passe mon temps à regarder les cahiers des autres pour comparer mes prises de notes… mot à mot. Avec mon besoin de tout vérifier, on me prend pour une maniaque, mais heureusement pas pour une malade. » Corinne peut aussi « bloquer » pendant plusieurs dizaines de minutes sur des termes lus dans un livre. Notamment lorsque deux adjectifs se suivent, ou si des mots comme « mort » ou « maman » terminent un bas de page.

« Certains jours, je ne parviens pas à suivre le moindre cours »

Pour Gilles aussi, ce combat est incessant, et ses pensées compulsives lui prennent entre 2 heures et 5 heures par jour ! Âgé de 25 ans , il est étudiant en licence comptabilité gestion à Paris. Ses troubles se sont révélés il y a 5 ans. « Ce sont des TOC de malheur, autrement dit des termes négatifs (souvent liés au monde médical, historique, politique ou religieux) s’immiscent dans mes pensées. Je suis obligé de les neutraliser en pensant à quelque chose de positif. » Par exemple, si Hitler lui vient en tête, il va devoir penser aux hommes politiques vertueux pour chasser cette obsession. Ses TOC se manifestent souvent lorsqu’il est inactif, fatigué, anxieux ou en retard, et le cadre universitaire n’y échappe pas. « Au début de ma licence, j’arrivais à rester attentif pendant 2 ou 3 heures. Mais cela a empiré et, certains jours, je ne parviens pas à suivre le moindre cours. »

« J’ai des difficultés à lire, car je bloque toujours sur une phrase »

Marie, quant à elle, souffre de TOC de vérifications et de symétrie depuis ses 11 ans. « Il faut que certaines choses soient toujours placées au même endroit au millimètre près. Impossible de me coucher si ma chambre n’est pas parfaitement rangée. » La jeune femme de 27 ans , originaire de Caen, vient tout juste de passer son brevet professionnel de préparatrice en pharmacie. « J’aurais voulu être pharmacienne, mais ma maladie ne me l’a pas permis », regrette-t-elle. Car ses TOC ont affecté sa vie scolaire et universitaire. « J’ai les pires difficultés à lire, car je bloque toujours sur une phrase que je relis en boucle… J e suis aussi très lente à écrire, parce que tout ce que je note sur mon cahier doit toujours être parfait. Je prenais d’ailleurs les cours au crayon à papier afin de tout recopier parfaitement une fois à la maison. »

Jusqu’au bac, Marie a su gérer toutes ces contraintes. La durée des épreuves lui donnait le temps de procéder à ses « vérifications » avant de parvenir à se plonger dans les épreuves… généralement 2 heures après les autres. « Mais les examens pour devenir pharmacienne ne durent qu’une heure ; c’est bien trop court pour moi. » Aujourd’hui encore, Marie estime que ses TOC lui gâchent 4 heures, chaque jour.

Trois astuces pour contourner les TOC

Alors comment s’en sortent Corinne, Gilles et Marie ? D’abord avec l’aide de médicaments, mais aussi avec le soutien de psychologues ou de psychiatres . Ensuite, ils ont développé quelques petits trucs plus personnels. Tous les 3 ont caché leur maladie à leurs enseignants et leurs copains de classe. « C’est un souci de plus, car pour ne pas révéler nos TOC on est obligé de faire semblant d’écrire ou de réfléchir », souligne Marie.

1. Être attentif à son environnement. Pour éviter que ces TOC l’envahissent, Corinne se « concentre sur la réalité. Je me focalise sur les détails de l’environnement qui m’entoure et j’essaye de me regarder de l’extérieur. Parfois, j’ai un geste de la main qui repousse mes idées, comme pour les chasser. C’est une discipline permanente, un peu comme si j’avais un enfant intérieur que je devais sans cesse surveiller ». Si ce fardeau est handicapant, la lycéenne souligne pourtant qu’il l’a rendue plus forte, plus endurante. « Je pense aussi avoir plus de maturité que mes copains de classe. »

2. Suivre une thérapie pour se corriger. Pour Gilles, la lutte est plus compliquée. Pour suivre les cours, il doit faire preuve d’une concentration extrême sur les propos de l’enseignant au prix d’un épuisement qui le rend incapable de se replonger dans ses cours une fois chez lui. Début 2015, l’étudiant a choisi de faire un séjour de 3 mois dans une clinique spécialisée pour apprendre à mieux maîtriser sa maladie en suivant une TCC (thérapie comportementale et cognitive). Celle-ci associe des exercices de corrections, de désensibilisation et des actions sur les processus de pensée, qui demandent un engagement personnel intense.

3. Se dire des phrases apaisantes. Marie, qui a aussi suivi une TCC, s’est en parallèle inventé ce qu’elle appelle ses « petites phrases magiques » qui l’ont aidée à se concentrer en cours ou pendant les examens. « C’était des choses comme : ‘Tout va bien, il n’y a pas de problème, tu peux travailler’ , des phrases rassurantes qui me ramenaient à la réalité. » La jeune femme a aussi découvert que les coloriages pour adultes de type mandalas la calmaient beaucoup. « Cela me met dans une bulle déstressante. Je crois qu’ils peuvent faire aussi beaucoup de bien à d’autres étudiants et lycéens, même s’ils ne souffrent pas de TOC. »

À tester avant de passer vos examens, sans oublier que vous n’êtes pas seul(e).