5 mangas que les hypocondriaques ne liront pas

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Publié le 25/01/2016 par TRD_import_BaptisteLegout ,
Sujets difficiles a traiter, le handicap et la maladie ont pourtant inspire de nombreux mangakas, souvent avec brio et justesse. Les heros de ces pages sont ceux du quotidien, avec leurs problemes, leur vie, leurs combats et leurs reves. Ce mois-ci, Trendy vous propose des histoires qui ne vous laisseront pas indifferents.

« Real » : basket et chaise roulante

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_ »Real » tome 1, Takehiko Inoue, 8,75 €, série en cours

aux éditions Kana (14 tomes parus), série en cours au Japon.

Passionné de basket, Nomiya fait pourtant le choix de tout arrêter après un accident ayant coûté sa motricité à l’une de ses amies. Rongé par la culpabilité, il erre jusqu’à rencontrer, par hasard, Kioharu, un jeune basketteur en chaise roulante en froid avec ses anciens coéquipiers. Persuadé de pouvoir le battre facilement, il le défie et perd lamentablement. Peu à peu, une relation d’amitié va se créer entre les deux adolescents autour de leur passion commune. Encouragé par Nomiya, Kioharu va accepter de se remettre sérieusement au handibasket et de reprendre la compétition.

*Match de rue, compétition handisport et relations humaines se retrouvent au centre de l’intrigue de ce manga de Takehiko Inoue, un auteur rendu célèbre par ses séries « Slam Dunk » – un des titres les plus vendus du Japon dans les années 90 – et « Vagabond ». La force de « Real » ? Mêler avec brio la passion du mangaka pour le basket avec une thématique forte : le handicap. *Ici, le combat n’est pas tant contre l’adversaire que contre soi-même. Les réflexions des personnages, leurs doutes et leurs efforts apportent de la profondeur à l’histoire, sans pour autant tomber dans le mélo. De quoi nous rappeler de manière particulièrement intelligente que fauteuil ou non, on ne peut juger un sportif qu’à l’aune de son talent.

« L’oiseau bleu » : état végétatif et Alzheimer

« L’oiseau bleu », Takashi Murakami, 15 €, One Shot

aux éditions Ki-oon (collection Latitudes).

Yuki a tout pour être heureuse : un mari aimant et travailleur, Naoki, et un adorable petit garçon de cinq ans. Un jour pourtant, un bête accident de la route va la faire plonger dans l’horreur. Son fils n’y survivra pas et son époux se retrouvera plongé dans un état végétatif. Commence alors un lourd combat. D’hôpital en hôpital, jusqu’à choisir de s’occuper directement de Naoki à domicile, Yuki se battra pratiquement toute seule dans l’attente d’une guérison de plus en plus hypothétique. Pendant ce temps, c’est avec la maladie d’Alzheimer que doit vivre Hidéo, son beau-père. Ayant de plus en plus de mal à se souvenir des membres de sa famille endeuillée, le vieil homme se retrouve prisonnier d’un douloureux passé.

Touchant, particulièrement difficile et profondément triste, « L’Oiseau Bleu » est un manga qui ne laissera personne indifférent. Recueil de trois nouvelles liées par un même fil conducteur, il est né suite à la catastrophe de Fukushima. Choqué par le tremblement de terre ayant touché l’archipel, son auteur, Takashi Murakami, a fait le choix d’écrire une histoire sur les difficultés de surmonter la perte d’un être cher. C’est avant tout de maladies graves dont il est question ici. Que cela soit à travers la longue hospitalisation de Naoki ou les troubles de la mémoire d’Hidéo, ce titre nous invite à réfléchir à travers une thématique traitée ici avec beaucoup de sincérité.

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« Mon année » : le quotidien d’une jeune trisomique

« Mon année », Jiro Taniguchi et Jean David Morvan,

18 €, One Shot aux éditions Dargaud.

Capucine vient d’avoir huit ans. Elle aime dessiner et s’amuser et rêve d’avoir un chien. Toute sa famille l’aime, sa maîtresse est gentille et ses parents débordent d’attention pour elle. Pourtant, Capucine a deux ans de retard à l’école, s’essouffle dès qu’elle fait du sport et a du mal à comprendre les réactions des gens qui l’entourent. Capucine est différente. Capucine est trisomique. « Mon année » raconte son histoire, celle d’une petite fille adorable et attachante qui lutte tous les jours pour progresser, malgré un handicap dont elle ne supporte pas le nom.

Mon année signe la rencontre d’un scénariste belge Jean David Morvan, et d’un maître du manga japonais Jiro Taniguchi, connu entre autres pour son œuvre « Quartier Lointain ». Tout en couleur, cet album combine les talents de ses deux auteurs pour nous toucher et nous faire réfléchir. Le trait du dessinateur, plein de sincérité et de tendresse, nous permet de nous attacher à ce couple qui lutte chaque jour pour que leur fille ait une chance. Entre doutes, coups durs et disputes, ils seront confrontés à de nombreux choix pour le bien de leur petite Capucine. C’est pourtant bien au travers de ses yeux à elle, avec ses réflexions, ses peurs, ses joies et ses tristesses que nous vivons cette année, une œuvre majeure offrant un nouveau regard sur un handicap complexe et encore mal connu par le grand public.

« My first love » : l’amour se conjugue avec des maladies graves

« My first love » tome 1, Kotomi Aoki, 6,99 €, série terminée

en 12 tomes aux éditions Soleil Manga.

Souffrant d’une très grave maladie cardiaque, Takuma est obligé depuis sa plus tendre enfance d’enchaîner les longs séjours à l’hôpital. C’est dans ce contexte qu’il s’est rapproché de Mayu, la fille de son médecin traitant. Amoureuse de Takuma, Mayu fait son maximum pour que son camarade profite de la vie. Apprenant, en espionnant une conversation entre ses parents, que le jeune garçon est destiné à mourir avant ses vingt ans, elle lui demande de l’épouser une fois adulte, sans lui révéler son funeste destin. Quelques années plus tard, toujours fou amoureux, Takuma se retrouvera piégé entre sa passion intacte pour la jeune femme et sa promesse qu’il est condamné à ne pas tenir.

Reprenant certains personnages secondaires introduits dans sa précédente série, « Secret Sweetheart », Kotomi Aoki décrit une romance douce et sincère qui plaira avant tout aux amateurs du genre Shojo (destiné aux jeunes filles). S’attachant à raconter la naissance de l’amour entre Takuma et Mayu, le premier tome nous fait suivre les moments charnières de leur enfance et adolescence, avant de nous permettre de les retrouver en fin de lycée dans les dernières pages. Le manga surprend et séduit par son traitement de la maladie, élément central de l’histoire. Visites chez les médecins, opérations lourdes, malaises et hospitalisation sont en effet le quotidien du jeune garçon. Ce destin dramatique permet à l’œuvre de s’éloigner des poncifs du genre et de capter l’attention des lecteurs. À lire de toute urgence si vous êtes à la recherche d’une romance émouvante et travaillée.

« A Silent Voice » : quand le handicap rencontre le harcèlement

« A Silent Voice » tome 1, Yoshitoki Oima, 6,60 €, série en cours

aux éditions Ki-oon (cinq tomes parus), série terminée au Japon en 7 tomes.

Nous vous en avions déjà parlé le mois dernier dans notre chronique sur le harcèlement, mais comment conclure ce tour d’horizon des mangas traitant du handicap sans aborder à nouveau « A Silent Voice », le petit bijou des éditions Ki-oon ?

L’histoire que nous offre Yoshitoki Oima nous entraîne à la suite de Shoko, une écolière sourde de naissance ayant beaucoup de mal à entendre et comprendre le monde qui l’entoure, ce qui lui vaudra de nombreuses moqueries de la part de ses camarades en général et de Shoya en particulier, un garçon de son âge. Après un premier tome nous racontant leurs derniers mois à l’école élémentaire, c’est au lycée que nous retrouvons nos deux héros. Là, conscient des souffrances qu’il a causées à Shoko, Shoya fera tout pour l’aider à s’intégrer dans son environnement et à passer outre son handicap. Une de ses premières décisions sera d’apprendre le langage des signes pour enfin pouvoir communiquer avec l’adolescente.

Très bien documenté, « A Silent Voice » est avant tout un titre touchant qui décrit avec brio et sans faux-semblants le quotidien d’une jeune malentendante. Difficultés à se faire comprendre, moqueries de ses camarades, rejet aussi de la part des proches et pensées sombres, rien ne nous est épargné. Le titre s’attache à montrer avec un talent certain la réalité du handicap. Un titre que nous recommandons chaudement et qui devrait se retrouver dans toutes les mains.

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